Blondiaux, Loïc, Le nouvel esprit de la démocratie, Actualité de la démocratie participative, Le Seuil, coll. La République des idées 2008.
L’auteur réussit l’exploit de présenter dans son court ouvrage un tour d’horizon des différentes formes de démocratie participative, avec les questions qu’elles posent. Grâce à son recul et à sa connaissance approfondie de nombreuses expériences menées dans plusieurs pays, il expose les aspects problématiques de l’idéal participatif et de sa mise en œuvre.
Boudon, Raymond, Renouveler la démocratie, éloge du sens commun, Odile Jacob 2006.
Y a-t-il des normes morales communes, que toute l’humanité pourrait reconnaître ? ou bien chaque groupe culturel, religieux, etc., est-il enfermé dans ses propres valeurs ? Y a-t-il une "raison universelle", que puissent partager tous les êtres humains et qui constituerait la base d’accords possibles ?
Ouvrage dense, parfois difficile, qui attaque les fondements sociologiques et anthropologiques du relativisme.
Chalmers, Alan F., Qu’est-ce que la science ?, Le Livre de poche, coll. Biblio essais, 1990.
Comment savoir qu’une théorie est plus vraie qu’une autre ? Peut-on atteindre des certitudes, ou est-on nécessairement renvoyé au doute ? Au travers du débat sur la nature des théories scientifiques, Chalmers montre comment l’esprit humain peut construire des théories de plus en plus valables. Il expose avec une clarté remarquable les grandes conceptions de la connaissance.
Dispaux, Gilbert, La Logique et le quotidien, Editions de Minuit, 1984.
Travail trop méconnu, qui définit les différents conflits d’opinions, et montre les éventuelles voies de résolution en se fondant sur la logique et la philosophie.
Feyerabend, Paul, Contre la Méthode, Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance, Point-Seuil 1988.
Déstabilisant. Feyerabend, pourtant professeur de philosophie des sciences, remet en cause toute notre vision de la rationalité. Une science ne peut avoir de « fondement sûr », car elle repose toujours sur des hypothèses implicites non vérifiées. In fine, il lance des provocations, en prétendant que l’on ne dispose pas de normes objectives permettant de décider par exemple si la vision vaudou du monde est moins « vraie » que la vision scientifique occidentale. Il plaide pour une liberté totale de changer de grilles de lectures, d’entrer dans tous les univers mentaux, et pousse à ses conséquences extrêmes le relativisme. Sa pensée a été en grande partie critiquée et resituée par Chalmers, cité en bibliographie.
Koestler, Arthur, Les Call-girls, éditions 10/18, 1993.
Court roman ironique et intellectuel qui met en scène des cybernéticiens, biologistes et autres experts venus échanger dans un Colloque interdisciplinaire, en Suisse. A la veille d’une 3ème Guerre mondiale dont on entend les grondements sourds, ils sont censés proposer leurs solutions pour empêcher l’humanité de sombrer. Ceci donne l’occasion à Koestler de brosser des portraits tragico-comiques d’intellectuels et de scientifiques, mais aussi d’exposer leurs théories. Chacun détient un fragment de solution, mais le roman se termine sur le constat de l’impossibilité d’une véritable coopération des esprits.
Derrière ses dialogues amusants et ses exposés brillants, le roman est très sombre, c’est l’intelligence qui se défait et ne pourra pas enrayer la catastrophe en marche.
Koestler était un personnage fascinant, journaliste au début du XXème siècle il a interviewé Einstein, bourlingué à Paris, au Moyen Orient (où il participe aux premiers Kibboutz, rencontre le Roi Fayçal…), s’est trouvé emprisonné en Espagne et condamné à mort sous Franco (voir Le testament espagnol), a parcouru l’Ukraine durant la grande famine des années 1930, participé à l’appareil communiste, et a fini sa vie en s’intéressant à la transdisciplinarité, à la conscience et même au paranormal. On lit avec passion son autobiographie La corde raide qui résume le XXème siècle et ses errances idéologiques.
Krishnamurti, Jiddu, La première et dernière liberté, Le Livre de poche 1995.
Pour Krishnamurti, la confusion du monde reflète notre propre confusion ; nous sommes tous co-responsables. Krishnamurti, au nom d’une liberté intérieure radicale, déconstruit les engagements religieux et politiques, pour laisser la place à l’observation de soi et du monde. Il invite à se dés-identifier.
On peut regretter chez cet auteur le manque de « solutions pratiques » proposées, en dehors d’un travail intérieur exigeant.
Lecuyer, Philippe et collectif, Guide des alternatives (en France et en Belgique), Editions du Fraysse, 2005.
Un outil et une somme d’informations inégalés, avec plus de 12 000 références : livres, associations, revues... classées par grands thèmes (écologie, santé, etc.). Rééditions actualisées, en bonne complémentarité avec L’homme réseau, qui aidera la personne à s’orienter au sein d’une telle masse de données.
Maalouf, Amin, Les Identités meurtrières, Le Livre de poche 2001.
Chaque personne est plurielle, un peu comme le Président Obama qui est à la fois Occidental et Oriental, Américain et Musulman, etc. Il est donc urgent de revoir la notion d’identité. Les revendications identitaires ont sans doute leur légitimité, mais Amin Maalouf montre le flou et la complexité de cette notion. Chaque personne est le nœud de plusieurs mondes, elle est partagée entre de nombreuses appartenances et en valorise, suivant les circonstances, une seule (religion, nation, région, orientation sexuelle…), en oubliant la pluralité qui la constitue. Antidote aux visions simplificatrices et essentialistes de « l’Islam », « l’Occident », etc.
Marc, Edmond, Le Guide pratique des nouvelles thérapies, Retz 1998.
Tour d’horizon très complet des différentes approches psy, qui montre bien la profusion passionnante du domaine, des méthodes mises en œuvre et fondées souvent sur des principes totalement différents.
Mill, John Stuart, De la liberté, Folio essais, 1990.
Comment tester nos idées ? « La liberté complète de contredire et de réfuter notre opinion est la condition même qui nous permet de présumer sa vérité en vue d’agir : c’est là la seule façon rationnelle donné à un être doué de facultés humaines de s’assurer qu’il est dans le vrai. » J.S. Mill déconstruit tous les arguments qui tendraient à limiter la liberté de discussion ; pour lui les meilleures décisions politiques émergent de la discussion collective totalement libre.
Morin, Edgar, Pour entrer dans le XXIème siècle, coll. Points-Seuil, 2004.
Antidote à tous les -ismes, qu’ils soient rouges ou bruns. Morin utilise les conceptions les plus intéressantes de la philosophie des sciences pour déconstruire les discours idéologiques, religieux ou politiques, et amener l’individu à se libérer de ses préjugés. On trouve aussi une analyse du couple sous-information/surinformation, des « maîtres-mots » qui nous enferment. C’est un ouvrage ample et libérateur, permettant de dépasser et d’intégrer les différentes grilles de lecture d’habitude opposées (liberté/déterminisme, ouverture/solidité, individu/collectivité etc.), dans une articulation complexe mais sans confusion.
Mon travail se voudrait dans le prolongement, modeste, de cette œuvre d’Edgar Morin.
Popper, Karl, Conjectures et Réfutations, Payot 2006
La Quête inachevée, Pocket 1989.
Karl Popper avec le « rationalisme critique » et Jürgen Habermas avec « l’éthique de la discussion » représentent les deux courants philosophiques auxquels la démarche de cet ouvrage pourrait se rattacher. Ces philosophes fondent la possibilité des débats, au-delà du relativisme ambiant et en récusant le dogmatisme. Ils proposent une voie pour construire collectivement, à travers la discussion, des vérités partielles et toujours remises en question.
La Quête inachevée, l’autobiographie de Popper, ainsi que plusieurs textes de Conjectures et Réfutations, sont particulièrement clairs et accessibles.
Voir aussi les Articles d’Adela Cortina « l’éthique de la discussion » sur Habermas, et de Sylvie Mesure « Rationalisme et faillibilisme » sur Popper, in Les philosophies politiques contemporaines, sous la direction d’Alain Renaut, Calmann-Lévy 1999.
Rojzman, Charles, Le Goaziou, Véronique, Comment ne pas devenir électeur du Front National, collection Provocation, Desclée de Brouwer 1998.
Rojzman, Charles, Sortir de la violence par le conflit, une thérapie sociale pour apprendre à vivre ensemble, La Découverte 2007.
Favoriser des rencontres humaines et inattendues, sur le terrain, entre des personnes qui projettent des fantasmes les unes sur les autres, voilà une démarche qui dissout nombre de préjugés. C’est ce que réalise Charles Rojzman au travers de sa Thérapie sociale, en mettant en place des méthodes où chacun exprime son ressentiment, et où le conflit prévient la violence.
Toffler, Alvin, Le choc du futur, Gallimard, coll. Folio-essais 1987.
A chaque instant, nous devons accomplir des micro-choix, qui finissent par fatiguer notre outil de traitement des données, c’est-à-dire notre système nerveux. Analyse prophétique : les sujets abordés au milieu des années 1970 et la plupart des évolutions prévues semblent en cours. Aperçus intéressants sur la prolifération vertigineuse des connaissances, la fin des structures relationnelles stables, l’accélération généralisée, les modes, la nouvelle industrie qui nous vend des expériences (voyages, sports inédits…). Pour Toffler, le stress de tous ces bouleversements explique les comportements de replis identitaires, sectes, etc.
Watzlawick, Paul, Le Langage du changement, Point-Seuil 1986.
La Réalité de la réalité, Point-Seuil 1984.
Paul Watzlawick est l’un des fondateurs de l’école de Palo Alto, qui propose une nouvelle approche de la psy et des rapports humains. Elle nous donne des outils pour prendre conscience de la façon dont nous découpons le réel et l’interprétons. Ainsi, elle ouvre une voie à la communication entre univers différents, et apprend à parler le langage de l’autre. Mais ce que l’école de Palo Alto ne semble pas encore faire, c’est appliquer ses méthodes au champ politique.
On peut reprocher à cette approche de tendre vers le relativisme, auquel répondent les travaux de Raymond Boudon et Karl Popper.